La cité de Fanjeaux est un haut-lieu, à la fois pour le
catharisme et pour la société occitane. Peire Vidal nous en laisse un vivant témoignage :
Mon cors s'alegr'e s'esjau
Per lo gentil temps suau
El pel castel de Fanjau
Que'm ressembla Paradis ;
Qu'amors e jois s'i enclau
E tot quant a pretz s'abau
E domneis verais e fis ...
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Mon coeur s'emplit de bonheur et de joie,
à cause de la tendre saison douce
et à cause du château de Fanjeaux,
qui me semble le Paradis ;
car amour et joie s'y enclosent,
et tout ce qui convient à l'honneur,
et courtoisie sincère et parfaite ...
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Ami du Comte de
Toulouse,
Raymond V et du roi d'Aragon, ce troubadour parcouru la région du Carcassès et de la Montagne noire chantant les aventures amoureuses de château en château.
A la fin du XII
ème siècle, Guillelme de Tonneins, noble dame avait créée une communauté, très proche d'un véritable couvent, où on élevait les petites filles dans l'esprit
cathare. De nombreux parfaits étaient aussi installés dans ce petit village qui sert souvent aujorud'hui de référence en matière de
mode de vie cathare, tant il est vrai que nous disposons d'une littérature abondante, en particulier au travers des sources inquisitoriales de Ferrier.
De manière romancée et pouvant prêter tout de même à discussion, Jean-François Nahmias, dans
L'illusion cathare (France Loisir, Novembre 1997), nous dépeint de manière remarquable ce que pouvaient être à la fois la vie quotidienne de la société occitane à l'aude de la croisade et la vie des croyants et parfaits
cathares.
Point central de l'hérésie, ce petit village deviendra aussi le lieu que prendra
Saint-Dominique pour s'établir et combattre le
catharisme sur son propre terrain. Ancien curé de la cité de Fanjeaux, il ne garda cette charge que peu de temps car il voulait se consacrer exclusivement à la prédication mendiante. D'une communauté réduite à 6 ou 7 membres la première année, le mouvement donna naissance aux Dominicains. Détourné de sa vocation première, l'ordre deviendra l'Inquisition.
- stèle discoïdale -
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L'occupation de la cité de Fanjeaux en
1209 nous est contée par
Pierre de Vaux des Cernay (
Histoire Albigeoise), Guillaude de Tudèle (
Chanson) ainsi que par Dom Vaissète (
Histoire Générale du Languedoc). Fait surprenant pour qui s'intéresse à l'histoire, c'est
Pierre II, roi d'Aragon qui occupa la cité de Fanjeaux, alors qu'il combattait avec les croisés. L'occupation se fit sans combat, le village ayant été déserté par ses habitants, comme à Alzonne, Montréal,
Saissac, ... Il semble cependant que le village ait été ravagé par un incendie. Par la suite, il deviendra un point de raliement des armées croisées, notamment avant la
bataille de Muret.
Sa position géographique, lieu de passage important entre
Carcassonne et
Toulouse, en fera un point stratégique.
Figurant parmi les seigneurs occitans impliqués dans la croisade et très liés au
catharisme, Isarn de Fanjeaux, frère de
Pierre-Roger de Mirepoix s'installera pendant quelque temps à
Montségur puis s'installa à Queille. La famille seigneuriale de Fanjeaux fut très liée à l'église
cathare et l'on y compte de plusieurs parfaits et parfaites.
Le
Traité de Meaux fait appparaître Fanjeaux parmi les cités qui doivent voir leurs fossés comblés et leurs murs rasés.
On retrouvera plusieurs parfaits
cathares ou simples croyants, proscrits de la région de Fanjeaux, au moment du siège de
Montségur en
1244.