Philippe Contal : Bonjour Gauthier. Vous êtes un fidèle intervenant sur nos plates-formes interactives et vous avez aussi participé activement au contenu de cathares.org, à propos d'Olivier de Termes, mais aussi de Bélibaste. Peut-on en savoir un peu plus sur vous ?
Gauthier Langlois : Bonjour Philippe. Merci pour cette introduction ... Je suis professeur d'histoire depuis 10 ans et plus particulièrement à Carcassonne, au collège Varsovie, depuis 3 ans. J'ai 39 ans et je m'intéresse à l'histoire depuis ma plus tendre enfance.
PC : Ainsi, on ne devient pas historien par hasard ?
GL : Certes non ! Je suis d'origine parisienne, mais j'ai vécu jusqu'à l'âge de 13 ans en Algérie. Mon père et mon grand-père étaient architectes et c'est probablement une des raisons qui m'ont poussées à apprécier l'histoire. Je passais mes vacances dans une ancienne ville romaine, Tipasa, située à 60 km d'Alger.
PC : L'Algérie est un peu loin de l'Aude et du catharisme, non ?
GL : A priori, oui. Quand j'étais enfant mes parents avaient acheté une maison à Palairac dans l'Aude, département dont mon arrière-grand-père était originaire. J'y ai découvert une région riche en légendes et vestiges. A Palairac les habitants racontaient par exemple qu'un trésor de pièces d'or dans une peau de bœuf serait caché dans un souterrain du château . Une autre légende attribue à Louis XIV le fait d'avoir jeté des pièces d'or dans un lac souterrain (une galerie de mine noyée). Plus tard j'ai eu la chance de travailler pour le Conseil Général de l'Aude pour un inventaire du patrimoine sur les cantons de Mouthoumet et Tuchan.
PC : Les légendes cachent souvent une part de vérité. C'est un long travail que d'en extraire des éléments fiables et validés historiquement. Avez-vous pu en tirer quelque chose ?
GL : Louis XIV est effectivement passé dans la région où il exploitait une mine d'argent . Il n'est pas déraisonnable de penser qu'il se soit livré à cet exercice, comme on jette aujourd'hui des pièces dans les fontaines.
PC : A propos de votre formation universitaire, pouvez-vous nous en dire plus ?
- Gauthier Langlois, en séance de signature au salon du livre de Mirepoix (le 7 juillet 2002) -
GL : J'ai passé une Maîtrise d'archéologie dans les années 80, sur les mines.
Olivier de Termes avait des mines dans le Termenès et à Palairac. Il y exploitait le fer pour la fabrication d'armes et d'outils, le cuivre, l'argent et l'or pour la fabrication de monnaie argent et or. Les mines étaient encore en exploitation lors de la seconde guerre mondiale, pour extraire du fer. On exploitait aussi de la barytine (ou baryte) jusque vers 1980. On utilise la baryte pour ralentir les neutrons dans les centrales nucléaires, ou pour filtrer le pétrole.
PC : Les légendes, les mines ... et
Olivier de Termes, on retrouve là les composantes principales de votre travail. Le personnage d'
Olivier de Termes vous intéresse particulièrement ?
GL : Olivier est un peu comme le Marquis de Carabasse du chat botté. Il était présenté comme le propriétaire de toutes les terres dans les principaux documents de l'époque. Aucune étude n'avait été réalisée sur ce personnage hors du commun. J'ai eu envie d'en savoir plus. Et depuis je prépare une thèse sur les seigneurs et seigneuries en Termenès du XI au XIII
e siècle à l'université de
Toulouse.
PC : Je suppose que si vous aviez à choisir un prénom, celui-ci serait Olivier ...
GL : Mon fils s'appelle Olivier. Contrairement à ce que l'on pense habituellement, ce prénom n'a pas pour origine l'arbre du même nom. Olivier est un prénom qui a été inventé au XI
e siècle pour la
Chanson de Roland. Le prénom est vite devenu à la mode dans l'aristocratie. La famille de
Termes a été la première à l'utiliser en
Languedoc et en Catalogne. Olivier, de la
Chanson de Roland, devint alors le modèle du chevalier sage. Mais l'olivier est aussi le symbole de la Méditerranée et de la paix et c'est pour cela que j'ai choisi ce prénom pour mon fils. Des symboles qui conviennent aussi pour le seigneur de
Termes. Car paradoxalement, si
Olivier de Termes était l'un des meilleurs militaires de son temps, il a toujours préféré la négociation à la guerre, la ruse à l'affrontement direct. Et s'il a participé aux croisades, manifestations de l'intolérance religieuse des Occidentaux contre les Musulmans et les non catholiques, c'était tout le contraire d'un fanatique tel que
Simon de Montfort ou Ben Laden.
PC : Olivier de Termes a participé aux croisades en Terre Sainte, aux côtés des seigneurs français. En trouve-t-on des traces dans les documents arabes ?
GL : 6 sources arabes parlent d'
Olivier de Termes (
zaïtuwn : l'olivier). J'ai pu en étudier certaines grâce à des contacts par internet, notamment avec des chercheurs spécialisés dans le monde arabe à Paris aux Etats-Unis et en Israël. J'ai ainsi pu obtenir une chronique éditée au Pakistan qu'un chercheur marocain m'a traduite. L'Internet est un formidable moyen de mise en réseau. Mes recherches m'ont mené aussi à rechercher les traces du passage d'Olivier dans de nombreuses régions. J'en ai déjà visité quelques unes : Provence,
Languedoc, Catalogne ses régions d'origine, Région parisienne où
Olivier fréquenta la cour de
saint Louis, Sicile et Grèce étapes vers la Terre Sainte. Il me reste à visiter les terres où il fut croisé : les Baléares, la Tunisie, l'Égypte, la Terre Sainte et Chypre.
PC : L'Internet justement. Vous êtes intervenu plusieurs fois pour manifester votre mécontentement à l'égard de certaines questions sur
les plates-formes. Pourquoi ?
GL : Certains veulent tout pour rien, voire même qu'on leur prépare leur exposé, c'est navrant. Les
plates-formes, les listes de discussion, les sites doivent être des lieux d'échange et de coopération. Les spécialistes qui répondent le font bénévolement. Aussi, ceux qui ne font pas l'effort de faire une recherche simple par eux-même, doivent être prêts à payer pour qu'on leur réponde. La maintenance et le contenu d'un site internet ont un coût. Mais je ne sais pas si les internautes sont prêts à payer. Seuls les sites internet intégrés à une structure existante sont viables économiquement.
PC : Je vous rejoins à 100 % en ce qui concerne les velléités de certains internautes qui voudraient, en postant un courrier électronique, avoir les réponses pour un exposé à rendre le lendemain ! Mais il ne me semble que le comportement des spécialiste ne soit pas en faveur de ce genre de démarche peu reluisante. Pour ce qui est de l'adossement à une structure existante, il semble que l'économie vous donne raison. Merci Gauthier ... et au plaisir de vous rencontrer à nouveau, sur les
plates-formes ou bien lors de vos exposés publics !
GL : Merci à vous et à bientôt.